Micro-Critique – West Side Story
Ce qui délivre à West Side Story toute sa tragédie réside dans le romantisme grandiloquent propre à la comédie musicale qui s’efface peu à peu. Robert Wise et Jerome Robbins se servent de différents effets scéniques pour multiplier les dimensions selon l’émotion à faire ressentir, quitte à nous faire entrer dans leur propre univers avec ses propres règles.
Car cette relecture de Roméo et Juliette est à jour dans le contexte mais elle n’est pas modernisée dans son déroulée, là se situe toute la dramaturgie digne d’être racontée, entre les oppositions. Les Jets qui se considèrent Américains purs souches chez eux et les Sharks se considérant apatrides et tyrannisés, les femmes de chaque parti qui peuvent tolérer le conflit en restant en retrait ou directement y participer, au milieu le lieutenant de police tellement désespéré d’éviter le pire qu’il se ternit dans le même courant, le courant de la violence.
Tous sont conscients de leurs propres situations sociales malheureuses mais refusant tous de s’en sortir en écoutant la voix de la raison car se justifiant derrière la haine qu’ils ferment aux issues possibles. C’est entre ces deux cercles opposés au milieu des rues ordonnés et alignées du Quartier Ouest que se trouve le seul joyau immaculé de toute noirceur, le couple chantant d’amour et de naïveté, conscient que cette escalade n’amènera qu’à des regrets que personne, pas même lui, ne peut envisager.
La richesse de communication pour cette simple histoire d’amour sous forme de comédie musicale est on ne peut plus fédératrice : racisme, aveuglement, raisonnement, provocation, passion, colère, violence, décès, amour, tragédie. La haine n’amène que la haine.
Une perfection.
Rayane Dahmani