Micro-Critique – Mustang
Un film ouvertement féministe face au patriarcat étouffant a toujours tendance à énerver au vu de ses partis-pris pouvant manquer de finesse, mais Mustang y échappe en grande partie parce que Deniz Gamze Ergüven évite les raisonnements simplistes (ce ne sont pas les personnes qui sont mauvaises, seulement le courant sociétal et ce, seulement si il va à l’encontre de leurs besoins) et place toute la beauté de son histoire sur l’affection porté à chacune de ses personnages, y compris celles qui ne combattent pas, voir perpétuent l’emprise qui pèsent sur elles.
La mise-en-scène, bien qu’employant parfois un peu trop la suggestion, est organiquement liée à la volonté de liberté des cinq jeunes filles, allégées par leurs vêtements, perpétuellement en mouvement, que ce soit les actrices ou la caméra, ne laissant jamais le moindre obstacle physique les obstruer, les filmant toute comme une seule entité fusionnée.
Le foyer changé progressivement en prison resserre encore plus le cadre et le besoin d’indépendance de la cadette voyant ses sœurs emportées les unes après les autres par l’enfermement des traditions.
La beauté des moments de libération et la simplicité de son contenu font de Mustang un film facile d’accès mais jamais épuisant tant il est réalisé avec soin et naturel.
Rayane Dahmani