Focus Sur : La Nouvelle Vague
La Nouvelle Vague est un mouvement cinématographique Français, emblématique de l’Histoire du cinéma. Focus sur ce mouvement à l’influence mondiale, qui aura su apporter un nouveau souffle dans le monde du cinéma.
L’arrivée de la Nouvelle Vague
Contexte
L’arrivée de la nouvelle vague se produit à la fin des années 50, une période liée à un phénomène démographique important ; le babyboom. Dans ce contexte, mais aussi dans celui des 30 glorieuses, les jeunes sont nombreux. Ils constituent donc une nouvelle cible pour le marché, du à leur pouvoir d’achat.
Il faut rappeler qu’avant cette époque, les jeunes étaient oubliés, ils n’avaient ni mode, ni musique, ni cinéma. C’est lors de cette période qu’ils vont intéresser les producteurs et que l’on va donc voir apparaître les 45 tour, les revues pour les jeunes, la mode (ex. mini-jupe). C’est cette génération qui va aboutir à la révolution de mai 68, et c’est dans ce cadre que va naître la Nouvelle Vague.
Le Cinéma précédant la Nouvelle Vague
Avant l’arrivée de la Nouvelle vague, les réalisateurs de films dits de qualité, sont ceux qui travaillent dans un esprit de continuité depuis les années 30. C’est la période du cinéma Classique Français, qui s’étend de 1930 à 1960.
On fait face à des acteurs incontournables, tel Jean Gabin, Brigitte Bardot, mais aussi Arletty ou Fernandel. Du côté des réalisateurs, ce sont par exemple des cinéastes comme Jean Renoir ou encore Marcel Carné qui symbolisent cet age d’or du cinéma français populaire.
Ce cinéma est marqué par le réalisme poétique, qui mêle donc le réalisme social et une esthétique stylisée, presque expressionniste. En effet, cette époque est liée au front populaire, c’est la mode de l’ouvrier qui est célébrée dans les films, notamment à travers le personnage de Jean Gabin, figure emblématique du titi parisien, que l’on retrouve notamment dans Le jour se Lève, de Marcel Carné (1939).
Prélude à la Nouvelle Vague
Il est essentiel de parler de cette période pour comprendre l’arrivée et les enjeux de la nouvelle vague. Car, dans les années 50, le cinéma français suit le même cours que depuis les années 30, avec les mêmes acteurs, scénaristes et réalisateurs. À cette époque, il n’y avait pas de distinction entre le cinéma populaire et le cinéma d’auteur. C’est un cinéma de studio, de corporation et de « fonctionnaire », qui reste très académique.
La Nouvelle Vague va donc naître de la conjonction de plusieurs phénomènes. En effet, le cinéma bouillonne un peu partout dans le monde, on parle d’ailleurs de Nouvelles Vagues au pluriel. Seulement, c’est en France que le mouvement est le plus spectaculaire. Les « anciens » des années 30 vont devoir s’incliner devant la nouvelle génération ; celle des jeunes critiques des Cahiers du Cinéma. En 1956, Et Dieu Créa la Femme, de Roger Vadim, annonce le changement à venir, l’arrivée la Nouvelle Vague.
La Nouvelle Vague : une explosion de films et de réalisateurs
L’irruption de la jeunesse sur grand écran
Le cinéma classique, académique et de tradition qui dominait dans les années 30-60 va donc laisser place à un cinéma nourri de cinéphilie, fait par des jeunes, pour des jeunes et avec des jeunes. En 1951, né la revue Les Cahiers du Cinéma.
C’est un moyen d’écrire sur le cinéma de façon sérieuse, dans laquelle écrivent Truffaut, Godard, ou encore Rhomer. Ils théorisent la politique des auteurs, qui, très simplement, consiste à donner au réalisateur, le statut d’auteur au-dessus de tout autre intervenant. Mais avant tout, la politique des auteurs est une approche critique. Celle-ci est défini pour la première fois en 1955 par François Truffaut dans Les Cahiers du Cinéma, basée sur une citation de Jean Giraudoux ; “Il n’y a pas d’œuvres, il n’y a que des auteurs“.
Tout commence donc avec Claude Chabrol, qui à la suite d’un héritage, va réaliser 2 films à la suite, en 1959 ; Le Beau Serge et Les Cousins. Mais c’est surtout Les 400 Coups de François Truffaut, la même année, qui va lancer la Nouvelle Vague. L’année suivante, l’un des films les plus emblématiques de la Nouvelle Vague voit le jour ; À Bout de Souffle de Jean-Luc Godard.
Parmi les autres films et réalisateurs représentatifs de la Nouvelle Vague, on trouve Alain Resnais avec Hiroshima mon Amour (1959), Louis Malle avec Zazie dans le Métro (1960). Mais aussi Agnès Varda avec Cléo de 5 à 7 (1962) et toujours François Truffaut avec Jules et Jim en 1962. Plus d’une centaine de films sont réalisés entre 1958 et 1962.
Le renouveau du Cinéma Français
Si la Nouvelle Vague a littéralement explosée, c’est car les producteurs se sont immédiatement intéressés à ces films bon marché et faciles à rentabiliser. Ces films réclament peu, et peuvent donc tout se permettre. Leur élan, leur impétuosité, leur désinvolture et leur liberté séduisent le public. Les progrès techniques, comme des caméras légères ou encore des pellicules suffisamment sensibles pour filmer à la lumière du jour, permettent de tourner « à la Rossellini », dans la rue ou en intérieur, mais toujours en décors réels. Le réalisateur est souvent le scénariste dialoguiste. L’équipe est allégée, on ne cherche pas la prouesse technique, les films ont volontiers un aspect amateur, ils remettent en causes toutes les règles du cinéma Classique.
« La nouvelle vague n’avait pas un programme esthétique : elle était simplement une tentative de retrouver une certaine indépendance perdue aux alentours de 1924, lorsque les films sont devenus trop chers, un peu avant le parlant […]. À cette époque, les metteurs en scène étaient tous très jeunes, c’est ahurissant de voir que Hitchcock, Chaplin, King Vidor, Walsh, Ford, Capra ont tous fait leur premier film avant l’âge de vingt-cinq ans. C’était un métier de gamin que celui de cinéaste et ça doit l’être… »
François Truffaut.
Les caractéristiques de la Nouvelle Vague
La Nouvelle Vague est caractérisée par sa jeunesse, sa fraîcheur et sa liberté. Ce cinéma va donc laisser une large part à l’expérimentation et l’improvisation ;
Les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague ont tous une expérience critique. Ils sont également des cinéphiles connaissant bien l’histoire du cinéma, et ont une conception assez précise de la mise en scène.
On y trouve des acteurs jusqu’à lors inconnus et qui jouent vrai. C’est le renouvellement du jeu d’acteur et l’émergence de nouveaux talents comme Jean-Paul Belmondo (beaucoup d’improvisation, peu de maquillage ni de costumes, langage de tous les jours).
Les dispositifs de tournage sont très légers On assiste à des tournages à l’arrachée, sans autorisations, en décors réels et donc lumière naturelle. Cela va à l’encontre du cinéma classique de studio.
Il y a une esthétique beaucoup plus proche du réel et également une liberté totale de mise en scène et de montage, à l’encontre de toutes les règles classiques (faux raccords, jump cut, caméra à l’épaule / caméra embarquée, regards caméra). De plus, beaucoup de clins d’œils sont faits aux cinéastes ou aux films admirés (Hitchcock, Minnelli)
Déclin, bilan et prolongements
Dès 1961 se profile le déclin. Le public se lasse, la production diminue. Parmi les cinéastes de la Nouvelle Vague, nombreux sont ceux qui changent de métier, d’autres s’exilent à la télévision. Ceux qui poursuivent leur carrière dans le cinéma choisissent soit de revenir à un certain classicisme (Truffaut), soit au contraire de faire un pas supplémentaire vers la provocation et la recherche expérimentale, comme Godard, qui est allé le plus loin dans la remise en cause des règles.
La Nouvelle Vague, sans avoir incarnée à elle seule le renouvellement du cinéma Français, et ne comptant pas, loin de là, que des chefs-d’œuvres, a néanmoins élargi l’horizon cinématographique en remettant en question l’académisme. Elle a eu un influence considérable hors des frontières françaises, dans les pays de l’Est notamment. L’influence de la nouvelle vague tient également à ses principes économiques et à ses méthodes de tournage qui touchent particulièrement les pays en voie de développement. Comme le cinéma Nôvo brésilien, qui va par ailleurs connaître une certaine émancipation culturelle du cinéma.
En conclusion, la Nouvelle Vague bouleverse les modes de production et impose une nouvelle conception du cinéma, représentative d’un besoin de renouveau et d’un dépassement des codes préétablis. Bien que bref, ce mouvement aura un impact important, et une influence mondiale sur le développement du 7ème Art.
Alizée Lopes